Le prestige des élites
Recherches sur les modes de reconnaissance sociale en Grèce entre les Xe et Ve siècles avant J.-C.
L'archaïsme grec passe d'ordinaire pour l’âge d’or de l’aristocratie, cette antique noblesse détentrice de l’autorité politique et bénéficiaire d’une aisance financière lui permettant de mener une vie de luxe et de loisir. Cette image a néanmoins connu ces dernières années de profonds réajustements. Car les aristocrates ne cherchaient pas seulement le pouvoir ou la fortune: c’est avant tout pour la gloire qu’ils travaillaient! Aussi les mots d’Homère « Toujours être le meilleur et surpasser les autres » commandaient-ils le recours constant à des pratiques de prestige censées non seulement exprimer le statut de chaque individu mais surtout contribuer à l’élaboration, au maintien ou à l’amélioration de la position de chacun dans la structure sociale des cités grecques alors en formation. Loin d’être les simples marqueurs d’un ordre privilégié, ces modes de reconnaissance sociale étaient avant tout les instruments par lesquels se redéfinissait année après année la hiérarchie communautaire. Textes littéraires, inscriptions et monuments révèlent ainsi un ensemble de pratiques auxquels avaient recours tous les individus animés par l’agôn, cette caractéristique première de la civilisation grecque. Loin d’une vision essentialiste, les élites archaïques et classiques se voient en somme redéfinies en premier lieu par leurs pratiques sociales.